la Dent de Kandy et autres flanneries

Réveil aux aurores (5h30) pour aller visiter le Temple de la dent.

Pourquoi si tôt, me direz-vous ? D'une part car Sussiri m'a dit hier qu'avant 7h30 l'entrée du temple était gratuite (contre 2000 rupiah en journée) et d'autre part car le matin il est possible d'accéder à la toute petite pièce ou est conservée la dent de Bouddha qui donne son nom et sa sainteté au temple.

Le temple inscrit au Patrimoine de l'Humanité depuis 1988 est constitué d'un ensemble de 3 bâtiments :

- au milieu du lac, un pavillon qui abritait le harem royal

- le Pavillon des Bains, sur la rive opposée au Temple de la Dent

- et surtout le Dalada Maligawad, un temple à la sobre élégance où est conservée, depuis le seizième siècle, la relique de la Dent de Bouddha.

Après une fouille sévère, pratiquée par des militaires et un passage sous un portique (le temple a été l'objet d'un attentat par les tigres tamoul qui l'a sévèrement endommagé en 1998), je peux enfin accéder au temple. Inutile de vous dire que je suis l'unique occidentale sur place à 6h30.

Le service religieux du matin vient de débuter. Il s'agit d'une cérémonie de vénérations au milieu des prières rythmées par les tambours et les officiants en costume.

La fameuse dent de Bouddha est une canine gauche, pieusement recueillie dans les cendres du bucher funéraire du Bienheureux, mort en 543 avant J.C. à Kusinara (à l'âge de 80 ans). La dent mesure 2,5 cm de largeur et d'épaisseur : elle est plus grande qu'une canine normale, ce qui est justifié par la majesté supra-humaine et la sainteté de Bouddha ! Elle est arrivée à Ceylan de façon miraculeuse : une princesse l'a dissimulée dans sa chevelure pour l'apporter à Annuradhapura, la capitale au 6eme siècle. Elle a été emportée à Polonnaruwa où elle était exposée, puis, après de nombreuses tribulations, elle est arrivée à Kandy en 1590, dans le temple où on la vénère encore actuellement.

Chaque année, lors de la Perahera de Kandy, la dent de Bouddha, ou plutôt le coffret doré qui la renferme (en fait c'est une réplique qui est présentée, l’original est trop rare et précieux) est promenée en procession dans la ville. Cette fête se passe pendant le mois d’Essala (généralement entre juillet et août sur le calendrier occidental), dont la pleine lune marque l’anniversaire du premier sermon du Bouddha. C'est une parade haute en couleurs, auxquelles prennent part l'éléphant luxueusement caparaçonné qui la porte, des danseurs, des joueurs de tambour et autres jongleurs, pour la joie des fidèles et des visiteurs. Il y a une Perahera par soir à Kandy durant a peu près 10 jours. Ces dernières montent en intensité pour atteindre leur summum le dernier soir qui est cette année le 14 aout.

Et je suis à Kandy ! Yay ! Vivement ce soir.

Bon, suite à ces considérations historiques et de contexte, je reprends mon récit.

Le temple de la dent est très beau, tout en bois sombre, pierres et briques blanchies à la chaux. Les dévots bouddhistes sri lankais mais également thaïlandais (en voyage organisé) sont nombreux même a cette heure matinale, mais cela n'est rien comparé à plus tard dans la journée.

La chambre de la dent est ouverte et on peut y passer très très brièvement après une ou deux minutes d'attente. Rien vu de la dent, uniquement une toute petite piece emplie d'offrandes de fleurs, fruits et riz, avec un autel doré a la feuille d'or. Mais les visiteurs sont nombreux donc les prêtres nous pressent de sortir à peine entrés. Mais je suis contente, j'ai approché une des reliques les plus sacrées du bouddhisme.

Je sors du temple pour rentrer déguster mon petit déjeuner sri lankais préparé par les blanches mains de Sussiri himself. Il a promis de nous faire des rotis, des galettes savoureuses à la noix de coco râpée.

Apres le petit déjeuner, Sussiri nous dépose au bus se rendant au jardin botanique, un incontournable de Kandy.

Nous arrivons, à 6,5 km de la ville, par le jardin botanique de Peradeniya : les anciens "Jardins Royaux" sont devenus un splendide parc, qui abrite une collection de plantes tropicales, de bassins à lotus, d'immenses pelouses, des bambous géants et un jardin aux épices. Il a été conçu au XIV° siècle et occupe 60 hectares.

Là, nous admirons des palmiers du monde entier, des banians dont les racines plongent dans le sol, un Ficus benjamina de 140 ans dont les frondaisons couvrent près de 1 900 m2 (quand je pense que je n'arrive pas à faire survivre un ficus dans mon appart plus de 6 mois...)

Apres une agréable balade au milieu des espèces exotiques et du somptueux jardin d'orchidées entrecoupée d'un déjeuner a l'ombre, nous rentrons mes compagnons (un couple de français rencontrés durant le petit déjeuner) et moi afin de nous préparer à la Perehera.

On ressort a 17h pour trouver des places peu chères (les officielles dans les gradins sont a 8000 rupiah).

Nous trouvons notre bonheur au premier étage de ce qui est en journée un magasin de ventilateurs et autres climatiseurs. Pour 1800 rupiah nous sommes assis au balcon, mieux qu'au Théâtre du Rond point !

Arrivent en premiers des porteurs de fouet censés dégager la voie, des porte-drapeaux brandissant les fanions de chacune des anciennes provinces du royaume de Kandy, un éléphant portant un drapeau bouddhiste, puis un autre sur lequel est posté un officiel. Suivent les joueurs de tambour du temple de la Dent, un nouvel éléphant chevauché d’un autre officiel et enfin la star de la fête, Raju énorme éléphant portant le coffret contenant la dent de Bouddha. Derrière lui défilent un troupeau de danseurs et de jongleurs de feu (c'est assez impressionnant d'autant que certains sont très très jeunes) et encore d’officiels, puis les peraheras de Natha, Vishnu, Kataragama et enfin Pattini (les 4 autres temples de Kandy). Bon honnêtement, la première procession est la plus intéressante, les autres n'en sont qu'une répétition et c'est un peu long 3 heures... Mais bon, on est assis et on peut bavarder avec ses voisins.

Nous rentrons épuisés a la guest house car demain, le programme est chargé : visite des temples aux environs de Kandy et du marché. Mais je vais passer sur le détail de ces pérégrinations faites en bus local...