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Un p'tit bout de monde
6 mai 2013

Gokyo

JOUR 7 : Le Fifth Lake


Reveil aux aurores le lendemain afin d'avoir une vue degagee sans nuages. Il fait un temps superbe. Ram met des plombes a se preparer et a prendre son petit dejeuner et Steve debout le premier trepigne. Caz (le surnom de Caroline) nous rejoint dans sa parka bleue electrique et c'est parti.
Le panorama sur le Third Lake que borde le village est magnifique. Gokyo Ri se reflete dans l'eau transparente du lac. Le chemin est simple : droit vers le nord a l'aller et droit vers le sud au retour. On est entre deux rangees de montagnes, impossible de se perdre. Pour un premier jour sans guide, c'est parfait.
Nous nous dirigeons vers le Fourth Lake que nous atteignons assez rapidement et facilement Caz et moi (il n'y a pas de denivele du tout, une vraie balade). Ram a du mal avec son probleme de souffle et Steve reste derriere pour le soutenir (ce qui semble agacer Ram...). On sympathise vraiment avec Caz. Elle est marrante, punchy, intelligente et comptable (eh oui ! Il fallait que je rencontre l'autre expert comptable en randonnee dans le Kundhu...). Nous decidons de passet Chola Pass ensemble et meme d'aller jusqu'au camps de base de l'Everest (apres, Caz veut se faire une autre pass, et je ne suis pas certaine de pouvoir suivre).

 

 

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Ram est epuise par son mal de l'altitude et il decide de rebrousser chemin. Comme il n'a qu'une heure de marche pour rentrer et que le chemin est facile, nous le laissons pour continuer vers Fifth Lake et le panorama promis sur Cho Oyu et l'Everest (au loin).
Nous marchons sur une crete et nous avons une vue panoramique sur le glacier dont la blancheur bleutee apparait ici et la lorsque les scories qui le recouvrent se sont effondrees.
La glace sale n'est visible que par endroits, masquée sous les résidus détritiques d'une vague couleur cendreuse
Steve nous fait une petite crise car s'il y a bien un chemin trace assez clairement, il n'y a plus de cairns (ces petits monticules de pierres qui indiquent le chemin en montagne lorsque le terrain est difficile ou neigeux) pour le confirmer. Personnellement cela ne me derange pas car il fait un temps superbe et que le chemin est simple : longer la montagne vers le nord... ne pas descendre vers le glacier car c'est froid et le froid ca pique ! Mais le Steve refuse d'avancer (litteralement...) et pour le calmer, on doit descendre de la crete pour suivre un chemin plus marque mais qui coince entre la montagne et la crete, n'offre absolument aucune vue...

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L'avantage est que l'on avance plus vite et nous parvenons donc au magnifique Fifth Lake au bout d'une heure de marche. J'offre une barre snickers a Steve histoire de faire la paix. La vue est exceptionnelle. On est entoures par les montagnes, les glaciers, les neiges eternelles. C'est magique. Le Fifth Lake est recouvert d'une epaisse couche de glace bien blanche. Face a nous, la crête la plus haute du monde constituee des plus hauts "8000", Cho Oyu, Nuptse , Everest, Lotse, constitue la frontiere naturelle et politique avec le Tibet, enfin, techniquement la Chine depuis 1952, date de l'invasion de celui-ci par les mangeurs de nouilles dans des bols en polystyrène...
Toutefois on doit repartir car Steve s'inquiete du fait que personne ne veuille faire pipi (non, ce n'est pas une blague...). Pour lui c'est le signe que l'on est deshydrates et qu'il faut rentrer (randonner avec un medecin finalement, ce n'est pas forcement une sinecure...)
Il veut rentrer par le chemin facile derriere la crete mais je lui explique que je prefere le chemin de crete avec la vue sur le glacier et l'Everest et ma copine Caz me suit. Le retour est aussi simple que l'aller mais dans l'autre sens et la vue est aussi belle.

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Nous rentrons diner chacune dans notre lodge puis Caz nous rejoins pour le the du soir. Ram qui ne se sens pas mieux est grognon et du coup cela agace Caz qui l'ignore et bavarde avec Bryan, l'australien que j'avais rencontre a Namche et qui vient d'arriver d'EBC via Chola Pass avec son guide et qui nous decrit quelque chose qui ressemble a l'enfer. Il se marre de mon histoire de guide et me dit : "Seeing him in Namche, I knew you were going to have problem with this guide"... Il n'aurait pas pu me le dire plus tot ??!!??
Il est tard et nous donnons rendez-vous pour le lendemain matin à 6h afin d'escalader Gokyo Ri (5400 metres d'altitude, oui oui je suis prete psychologiquement comme physiquement, d'ailleurs je n'ai plus mal a la tete du tout) et de preparer non affaires pour notre depart vers le village au pied de Cho La.

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JOUR 8 : Le jour ou je suis montee a 5400 metres (presque) sans probleme.

Lever a 6h pour Escalader Gokyo Ri, une "colline de l'Himalaya" uniquement 5400 metres de haut. Ca monte et c'est dur : parce que ca monte et que c'est haut ! Je galere un peu mais avec l'aide psychologique de Caz et nos bavardages de filles, je finis par y arriver. Enfin, on fini par y arriver ! On se fait depasser en chemin par deux russes sympas qui nous attendent en haut avec un thermos rempli de the bien chaud :-D Nous sympathisons et comme nous allons suivre le meme chemin jusqu'a Gorak Shep et qu'ils sont assez experimentes en randonnee de haute montagne, nous decidons de faire un bout de chemin ensemble.

 

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La vue est superbe et il fait un temps magnifique. Et on a du the :-D On s'installe donc en haut pour une bonne heure. Malheureusement, mon mal de crane commence a faire son effet. Et le temps de descendre, cela devient insupportable. Je vais faire mon sac et rejoins Caz a son lodge pour dejeuner du plus delicieux curry de legume des Himalayas en bavardant avec un groupe d'Australiens de Perth.

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Nous allons recuperer Sergei et Yuri a leur lodge puis nous partons vers 15h dans la brume qui a recouvert la region. Nous devons traverser le glacier (!!!!) pour atteindre Dragnag ou nous passerons la nuit avant d'attaquer Chola Pass.
Après 100 mètres d'ascension assez raide, nous sommes sur le dos crénelé du glacier. Sous nos yeux à perte de vue, s'étend un vaste chaos de cratères, de cônes, d'éboulis et de lacs glacés surplombés par des stalagtites éphémères. La glace est recouverte mais nous sommes bien sur un gigantesque glacon mouvant. Nous descendons de le tour rocheuse pour reprendre pied sur le glacier sur la moraine centrale. C'est sur celle-ci que nous allons traverser le glacier longitudinalement afin d'atteindre le versant de la montagne opposée. La marche est fastidieuse car les blocs instables se dérobent sous le pied. Chaque pas peut reserver une surprise et on est contraint a une constante vigilance.

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Encore quelques heures d'effort en perspective et nous arrivons a Dragnag alors que la nuit commence a tomber. Nous dinons rapidement, Caz et Sergei partagent une petite bouteille de rhum (je passe car avec mes cephalee, l'alcool a 4700 metres...) alors que nous bavardons de politique russe avec Yuri (qui est persuade de Poutine n'est qu'un pantin aux mains d'une sorte de bureau secret qui gouverne veritablement la Russie). Nous allons admirer les etoiles en reconnaissant les constellations grace a une App que Sergei a sur son Ipad. Excellente soiree.
Diamox (fourni par Caz) et dodo.

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JOUR 9 : "Let's go and climb this craziness" (Caz)


Reveil a 5h30 afin de pouvoir partir a 6h car a partir de 10h la passe devient dangereuse car le soleil fait fondre la glace et donc des pierres

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peuvent tomber de la falaise surplombant le chemin. Nous mettons dans nos sacs les "lunch pack" que nous avons commande la veille car il n'y a pas de village sur le chemin avant 7 ou 8 heures de marche.

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Nous commencons l'ascension de la pass. Le chemin est escarpe et nous commencons a grimper difficilement. Nous faisons une pause de 30 mn a 4900 metres afin de s'acclimater a l'altitude et ne pas risquer l'AMS. Je sors mes barres snickers. On continue a monter une cote de plus en plus escarpee. Epuisante cette passe, la partie la plus epuisante de ce trek, meme Gokyo Ri etait une plaisanterie a cote. Nous arrivons au sommet a 5200 metres au bout de 3 heures de montee harassante. Je suis assez surprise car je pensais que Chola Pass culminait a 5400 metres...

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Yuri m'explique que l'on ne vient pas de monter Chola mais la montagne avant et que Chola est la bas, devant a 500 metres a vol d'oiseau. On regarde attentivement avec Caz mais on ne voit pas de chemin, juste un monstrueux amoncellement de blocs de pierre geants surplombes par une falaise. Le truc le plus flippant qu'il m'ai ete donne de voir. J'imagine Sisyphe et son rocher. Je ne vois absolument pas comment on va pouvoir passer par la. Du coup, on deballe les "lunch pack" chapatis, oeufs et fromage de nak. Les garcons ont un enorme saucisson russe ramene de la bas... On partage.
Il est 10h30, il faut y aller car il est deja tres tres tard. Caz se leve et tonne "OK, let's go and climb this crazyness"

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Chola Pass. Le trek devient fou taille des marches à la verticale dans la falaise, passe des eboulis de roches enormes surplombées par des falaises qui dès qu'il fait soleil (soit à partir de 10h du matin) vous lâchent des pierres sur la tête, traverse des champs de neige et de glace et ereinte le marcheur dans d'absurdes déclivités. Je monte difficilement. Sergei m'attends pour me motiver tandis que Yuri et Caz sont loin devant. Je suis a l'arriere, un groupe de 3 trekkeurs s'est assis sur le chemin pour se reposer quand soudainement de grosses pierres tombent de la falaise les surplombant. Plus de peur que de mal, ils ont ete touches par des pierres rebondissantes uniquement mais tout le monde redouble de prudence et se tient le plus eloigne possible de la falaise (et donc du chemin facile).

30 pas puis 15 secondes de pause pour retrouver mon souffle en ecoutant mon coeur pulser, 30 pas puis 15 secondes de pause. A ces altitudes, les objectifs se cumulent pour arriver a escalader les montagnes. J'avance peniblement en évitant de regarder le sommet pour ne pas me decourager et rebrousser chemin. 30 pas et 15 secondes a ecouter mon coeur pulser.
Nous parvenons enfin au sommet ou nous attendent Caz et Yuri. Celui-ci est dans la brume et pour le panorama c'est loupe. Je brise mes lunettes de soleil, le verre droit va s'abimer dans la lagune gelee en contrebas... Super... Heureusement que Caz en a une paire supplementaire...

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Nous arrivons a Dzonglha epuises apres 3 heures de marche supplementaires. C'est le 9 mai jour de la celebration par la Russie de la fin de la seconde guerre mondiale (apparemment Staline ne leur aurait pas dit le 8 que l'Allemagne avait capitule...). Il y a un enorme groupe de russes au lodge et on trinque au rhum local tout en savourant le restant de saucisson des garcons. Mal m'en prends car sans Diamox, je me reveille au milieu de la nuit la tete dans un etau et avec une jolie courante : trop d'oeufs, trop de chapatis, trop de fromage???  (Meuh non, ca ne peut pas etre le rhum frelate nepalais a 50 centimes le demi litre...)

 

JOUR 10 : Vers Gorak Chep, le jour ou je suis tombee amoureuse d'une montagne


Nous avons decide de continuer ensemble jusqu'a Lobuche avec les garcons. Nous avons presque le meme rythme et en tout cas, le meme esprit. Marcher mais tout en profitant du paysage quitte a faire de longues pauses face aux panoramas exceptionnels de la region.
Premier long arret face au Chola que nous n'avions pas pu voir hier dans les nuages epais de la fin d'apres-midi. C'est certainement la montagne la plus belle que j'aie vue lors de ce trek. Reellement extraordinaire avec ses cretes ecerees et son profils aiguise. Je ne peux m'arreter de la prendre en photo.

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Nous repartons et qui je croise qui arrive de Gorak Tchep en suivant le chemin inverse au mien. Maria, l'espagnole rencontree sur le toit d'Alobar1000 et qui fait le tour du monde depuis 3 ans. Elle aussi s'est trouve un compagnon de randonnee, un israelien souriant et chevelu.
Seconde longue pause face a l'Ama Dablam. La "plus belle montagne au monde" (selon qui, je ne sais pas... moi je prefere le Cho La). Un troupeau de yak paise tranquillement et nous observe l'air tranquille. Je cours au camps de base du Lobuche en contrebas et ils me laissent utiliser leurs toilettes en urgence...

 

 

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Nous arrivons a Lobuche pour l'heure du dejeuner. Je me precipite aux toilettes... Ben oui, ca ne va pas mieux...
Du coup, les deux heures de marche vers Gorak Chep sont difficiles car je n'ai pas vraiment d'energie. Yuri et Sergei partent devant pour tenter de reserver trois chambres dans l'un des 4 lodges bondes du village. Nous les retrouvons trente minutes plus tard, ils ont echoue dans leur mission, Les lodges sont pleins et nous sommes obliges de nous separer. Caz et moi trouvons a nous loger dans un grand lodge confortable au sympathique gerant qui nous sert un enorme Dal Bhat (le meilleurs que j'ai mange au Nepal) mais celui-ci ne fait que traverser mon corps (22 minutes il a mis... moins longtemps que pour le manger dis-donc). Nous allons dire au revoir a Sergei et Yuri car ils commencent leur redescente vers Lukla demain alors que nous avons decide de passer deux jours au pied du camps de base de l'Everest, on n'a pas mis tout ce temps pour y monter pour en redescendre tout de suite !


 

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