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Un p'tit bout de monde
4 mai 2013

Un debut de trek bien particulier... 2/2

JOUR 4 : La longue marche


Depart a 6h30 apres un solide petit dejeuner. Nous avons 7 heures de marche et 600 metres de denivele a faire jusqu'a Dhole, 4110 metres d'altitude. Comme prevu avec l'agence de trekking, je demande a Rai de m'aider a porter un petit sac de 3 kilos (essentiellement des barres de cereales et des fruits secs) que je sors de mon sac dos (qui fait 9 kilos et que je crains de ne pouvoir porter durant toute la journee sur le denivele prevu). Il me fait tout un cinema en faisant mine de vouloir laisser mon petit sac a Namche Bazar mais je lui fais fermement comprendre qu'il va falloir le prendre avec lui... Du coup, il boude... Mais bon comme au boulot j'ai le meme specimen (le gars qui ne fait que ce qu'il veut faire et du coup mal son boulot et qui fait la gueule quand tu lui fais remarquer...), ca ne m'impressionne pas vraiment...
Nous partons tot afin de profiter de la vue degagee. En effet, en cette saison, le temps se couvre et de gros nuages commencent a dissimuler les sommets a partir de 13/14h.

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Nous montons une colline escarpee puis nous longeons la montagne sur un petit sentier qui offre un panorama a 1 million de dollars sur l'Everest et le Lhotse. Au fond de la vallee que nous surplombons coule une magnifique riviere vert pale qui gronde sur les rochers (la Dudhi Koshi Nadi) alimentee par plusieurs glaciers et notamment le gigantesque Ngozumba.
Je fais plusieurs arrets pour admirer le paysage, prendre des photos et conjurer le mal de l'altutide (je commence a avoir des cephalees, legeres mais embetantes). Rai semble exaspere par mon rythme (et le petit sac de cereales) et passe son temps au telephone avec une voix feminine. Il marche 25 bon metres devant moi ce qui est assez embetant car je ne peux lui poser de questions sur ce que je vois. Mais bon, le paysage est tellement magnifique et surtout grandiose dans ses dimensions que je profite a fond du moment en faisant fi de son caca nerveux.
Nous faisons une longue pause a Mong apres une matinee entiere de montee assez harassante puis une pause dejeuner a Phortse Thanga (ou le guide passe le dejeuner a envoyer des sms de son portable tandis que j'attends qu'il ait fini de manger sa platee de spaghettis...)

 

 

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Le chemin apres Phortse Thanga est entierement borde de centaines de rhododendrons aux grasses fleurs allant du blanc presque pur au rose fuschia en passant par toutes les teintes de rose. Certains arbres ploient meme sous des fleurs de plusieurs teintes differentes. Cela apporte une magnifique touche de couleur au chemin de pierres grises.
Apres une derniere montee, nous arrivons a Dhole, petit village enchasse au sein d'un cirque de hautes sommets. Il fait tres tres tres froid. Je demande une seconde couverture et vais me coucher immediatement tellement je frissonne.

 

JOUR 5 : Le guide pete un plomb (l'altitude sans doute...)


J'ai mal dormi. Un mal de tete assez violent m'a tenu eveille une partie de la nuit. J'ai bu de l'eau afin de ne pas etre deshydratee et pris du coca en homeopathie ce qui a un peu calme la douleur et m'a permis de me rendormir brievement mais je me reveille avec la tete prise dans un leger etau, pas forcement agreable.
Aux grands maux les grands remedes, je commande un pot d'eau chaude d'un bon litre pour me faire un mate de coca que je sirote tout au long du petit dejeuner. Cela calme un peu l'etau mais je sens que la marche d'aujourd'hui jusqu'a Machherma (4470m), malgre le petit denivele de 350 metres, ne va pas etre facile.
Je donne mon petit sac a Rai et c'est parti. Nous longeons toujours la Dudh Khosi Nadi, a flanc de montagne. Face a nous le Cho Oyu qui culmine a 8201 metres, recouvert de neiges eternelles eclatantes sous le soleil. Nous croisons de nombreuses caravanes de buffles et de yaks qui commencent a remplacer les mules pour le transport des marchandises a cette altitude, en plus des porteurs qui transportent ce qui est trop lourd pour les betes... Et notamment ces gigantesques planches en bois servant a la construction des lodges.

 

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Comme hier, le guide marche une bonne trentaine de metres devant avec de la musique qui sort de son telephone portable (alors qu'il a des ecouteurs car je l'ai vu les utiliser hier soir dans le lodge). Apres tout, ce n'est pas si mal qu'il soit loin devant. Comme cela je peux profiter en toute quietude du paysage. Neanmois, apres avoir marche tranquillement durant toutes ses semaines en Patagonie et en Nouvelle-Zelande, cette idee de prendre un guide me semble de plus en plus absurde.
A petit village de Luza, alors que je m'etais attardee pour prendre des photos, je ne vois plus Rai. Comme je ne sais quel chemin prendre, je m'arrete pour une pause bienvenue dans une petite maison de the. Je bavarde un peu avec une nepalaise et deux amis a elle qui sont neo-zelandais et qu'elle a rencontre durant ses etudes a Auckland. Elle m'apprends que le Nepal souffre d'un taux de chomage de 40% et que malgre son diplome, elle gagne sa vie en faisant des boulots a gauche et a droite grace au reseau de ses parents chez lesquels elle vit toujours.

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Nous arrivons a Maccherma a l'heure du dejeuner. Je n'ai pas tres faim mais commande neanmoins une soupe pour me rechauffer car les temperatures sont negatives malgre le soleil qui tape.
Je bavarde avec deux autres trekkeurs presents dans la salle commune. Steve et Ram sont americains. Jen est de Montreal, son petit ami Pierre est couche dans leur chambre car il souffre d'AMS (Accute Mountaineering Sickness) ou Mal de l'Altitude. Steve qui est medecin va verifier ses constantes regulierement et il a l'air inquiet a chaque fois qu'il revient car Pierre semble developper un oedeme pulmonaire apres avoir vomi la veille.
Nous partageons un diner leger mais enjoue (alors que mon guide dans le coin oppose de la piece nous regarde avec un air furieux... il est vraiment bizarre ce type, j'ai d'ailleurs du lui demander une fois de plus de cesser de me toucher le dos et les bras aujourd'hui...). Mais cerise sur le gateau, Ram sort une grosse portion de fromage de nak delicieux qu'il a transporte depuis Namche Bazaar :-D Quelle bonne journee !
Steve me donne un medicament (Diamox) pour m'aider a passer une bonne nuit sans maux de tete.

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JOUR 6 : Le jour ou mon guide m'a plantee


Je suis reveillee par un remue-menage dans le couloir du lodge et une toux assez bruyante.
Le temps de m'habiller et d'aller dans la salle commune, j'apprends de mon guide (assez excite par l'evenement, un peu malsain...) que l'etat de Pierre s'est deteriore et qu'il a du etre conduit a la clinique de Maccherma. Je suis assez inquiete pour lui mais egalement pour Jen qui doit etre morte d'angoisse. Je decide, avant de prendre mon petit dejeuner (j'ai l'appetit coupe), d'attendre le retour de Steve qui les a accompagnes car Pierre ne pouvait pas marcher sans support.

Rai me demande assez aggressivement quand je compte prendre mon petit dejeuner car il souhaite partir rapidement (nous n'avons pourtant que 3 heures de marche judqu'a Gokyo...). Je lui explique assez sechement que je souhaite attendre des informations sur l'etat de Pierre avant de faire quoi que ce soit.
Steve et Ram reviennent peu apres de la clinique et m'informent que Pierre va etre evacue par helicoptere sur Lukla ou Namche ce matin puis sur Kathmandu si l'etat de son oedeme pulmonaire ne s'ameliore pas.
Je prends un petit dejeuner leger puis nous partons avec super guide qui tire une gueule de 10 pieds de long (j'ai l'impression qu'il me fait une crise de jalousie a cause de mon debut d'amitie avec Steve et Ram...)
Nous montons une colline qui offre un panorama grandiose sur le glacier bordant Maccherma. Des drapaux de priere claquent sous le vent. Le ciel est bleu iroquois (oui, oui, c'est une couleur !). C'est beau. De la, nous voyons arriver l'helicoptere qui vient chercher Pierre. Il se pose tres brievement et redecolle pour le bas de la vallee.

 

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Au bout d'une bonne heure de marche, nous arrivons au premier des lacs de la vallee de Gokyo. Une immense etendue turquoise bordee de cairns votifs et qui scintille au soleil. Je m'assied au bord de celui-ci et je tente de prendre en photos deux canards jaunes qui se nourissent de micro-algues vert pale. L'eau est glacee. Je reste de longues minutes a admirer le paysage dans un silence absolu. C'est magique.

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Une heure de randonnee tranquille plus tard, second lac. Celui-ci est plus grand que le precedent. Trois canards y voguent tranquillement. Le panorama est sublime. Je m'assied sur une grosse pierre durant une bonne demi-heure pour l'admirer.
Rai semble s'impatienter. Il marche de long en large, construit des amas de pierre un peu comme un gamin amasserait les legos. Mais je l'ignore pour profiter a fond du moment et de l'environnement exceptionnel. Je finis par me lever a regret car je commence a avoir faim et il est presque midi. Mon cher guide boude et marche 30m devant en ecoutant de la musique avec son telephone portable comme a son habitude...

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Nous arrivons a Gokyo une bonne demi-heure apres quitte le second lac. Rai se dirige vers le Namaste Lodge mais Steve et Ram sont descendus au Gokyo Resort (qui malgre son nom est du meme standing). Je dis donc a Rai que je souhaite aller dans le meme lodge que mes nouveaux copains. Et la, tout de go, il me pete un plomb et me dit tout de go  "I don't want to be your guide". Je feins la surprise et le dépit mais à l'intérieur, je saute de joie. Je saute sur l'occasion. Cela fit quatre jours qu'il commence a me courir avec ses attitudes d'ado attarde et ses petites crises de jalousie stupide. Je reponds donc "OK no problem". Il  l'air surpris mais n'ose revenir sur ce qu'il m'a dit. Vexé, il part sans se retourner avec son sac delesté de mes barres de céréales.


Débarrassée du boulet, je me sens incroyablement legere et libre ! Mon histoire fait bien marrer les autres trekkeurs et tout le monde se met en quatre pour me trouver une solution (pas de guide ! c’est bon, j’ai déjà donné…) afin que je puisse passer Chola Pass en toute sécurité car ce col peut réellement être dangereux avec ses éboulis, chutes de pierres et glace.


Ram et Steve me disent qu’ils ont croisée une anglaise a Namché qui randonne seule et ils proposent de nous présenter. Elle est dans un autre lodge mais elle nous attend pour un thé ce soir après diner.
On bavarde de tout et de rien. Ram dit qu’il commence a se sentir mal : l’essouflement est souvent le premier symptome du mal de l’altitude. Steve semble inquiet mais Steve semble souvent inquiet.
Nous dinons des delicieuses pommes de terres bouillies, de momos et de garlic soup (reputee bonne contre le mal de l'altitude). Mon estomac commence a faire des siennes donc je n’abuse pas trop.
Nous rejoignons Caroline pour le diner. C’est une grande blonde dynamique au sourire 10 000 watts. On sympathise et on decide d’aller faire la randonnee du Fifth Lake demain (celle la meme que mon guide faisait semblant de ne pas connaitre alors qu’a Gokyo tout le monde nous la recommande et nous indique le chemin, tres facile a trouver… la meilleure chose qui pouvait m’arriver je vous dit !)

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