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Un p'tit bout de monde
23 février 2013

Tramping Waikaremoana

Jour 1:

Bon, d'abord une explication au sujet du titre de ce post.

En Nouvelle Zelande, on ne dit pas trekking ou hiking (randonner) comme dans les autres pays du monde mais tramping qui en bon anglais courant signifie "vagabonder". Oui oui, au sens clodo du terme...

Bon ben va pour le tramping donc. En meme temps, vu mon odeur a la fin de chacune de ces experiences (3 a 5 jours a marcher de 7 a 12 heures par jour et sans possibilite de douche, je vous laisse imaginer...) on n'est pas loin de humer le sdf... (bah, tant pis pour le politiquement correct...)

Bref, Terry de Big Bush camping me recupere a Wairoa pour me deposer au debut de mon premier tramp en NZ : Lake Waikaremoana track, l'une des 9 "Great Walks" du pays.

La piste a ete tracee par des lyceens en 1962 et 1972. Elle constituait leur projet scolaire (j'adore ce pays et ses habitants extraordinairement constructifs et proches de la nature). Les forets qui l'entourent etaient peuplees par les tribus Tuhoe et Ruapani. Ceux-ci y ont toujours des terres privees que le trek traverse.

Ce trek est dans le parc national Te Urewera, qui signifie en Maori "Penis Erige", meme moi je n'aurais pas pu l'inventer celle-la...

Il fait un petit 46 km mais cela fait un bout de temps que je n'ai pas randonne sur plus d'une journee (la derniere fois c'etait au Perou) donc cela me semble un bonne mise en jambe a faire sur 3 jours.

Me voila donc a Onepoto, le debut du treck, chargee avec de la nourriture pour 3 jours (crackers, boites de thon, barres de cereales, baies de goji, pommes et oranges, je ne me suis toujours pas decidee a acheter un rechaud... pas a cause du prix mais a cause du poids) et un maximum d'eau car il n'y a pas de cours d'eau sur cette partie du parcours et qu'il fait 28 degres.

Je salue Terry de la main, organise mon barda et me voila partie pour la partie la plus difficile du treck, 5 heures de montee avec un denivele sympathique sur le Panekiri Bluff. J'atteins le sommet du treck (Pukenui trig 1181m) en 3 heures. Puis j'entame une piste a coteau de falaise d'ou la vue sur le lac est a couper le souffle.

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Foret dense, mousse, musc, champignons, tout contribue a rendre cette partie du trajet interessante meme si comme d'habitude le premier jour du trek, j'ai du mal a demarrer et je suis plutot lente sur la montee.

Reouverture sur le lac. Je pose mon sac sur un etroit promontoire en bord de falaise pour admirer le paysage et manger une pomme et des crackers pour me redonner de l'energie. Je suis en sueur, trempee!!!

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Et c'est reparti pour 2h de marche en plus pour arriver a la premiere hutte ou je ne suis pas censee dormir puisque j'ai booke le camping qui est a 4h de marche de la. Mais comme j'ai commence plus tard que prevu et que je n'ai pas ete super rapide, il est deja 18h30 et il est hors de question que je marche de nuit. Je reste donc dormir a Panekiri Hut a 1180 metres d'altitude. Mes compagnons de hut m'invitent a dormir a l'interieur avec eux car ici, il n'y a pas de site de camping.

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Bon, "Hut" est le terme consacre mais on n'est pas dans le sommaire : espace commun ferme avec espace cuisine pour les rechaud portatif, lavabos avec pompes pour l'eau, tables et bancs en bois brut et meme un poele a bois en fonte pour les nuits d'hiver.

Les chambres consistent en des lits superposes avec matelas couverts en simili cuir (ca me rappelle l'hotel Flores a Quito ;-D ), sac de couchage obligatoire.

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Les piliers en bois soutenant le toit du refuge comportent tous une plaque en acier afin d'empecher les rongeurs de monter sur le toit. Ils sont brillants ces kiwis ! En revanche les toilettes qui ont un abattant parfaitement blanc contiennent des dizaines d'insectes noirs volants bizarres qui ne me disent rien qui vaille (et puis j'en ai ras-le-bol de me gratter les fesses comme un macaque a cause des piqures diverses et variees a cet endroit particulierement vulnerable aux moustiques vicelard mais brillants qui se planquent dans les toilettes... bon, je pense fermer la parenthese glamour ici...) et donc je vais faire pipi dans les buissons derriere. Et je ne suis pas la seule a y avoir pense car le coin herbeux est jonche de PQ. Au moins, je retransporte le mien jusqu'aux WC...

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Je grignote, bavarde un peu avec mes compagnons de marche et je vais me coucher tot car du coup j'ai une longue journee le lendemain pour recuperer mon retard de 4 heures...

Jour 2 :

J'ai calcule qu'aujourd'hui, si je veux refaire mon retard, je dois marcher 11 heures. Compare au 14 heures de mon troisieme jour a Torres del Paine, meme pas peur!

Bon ben vaut mieux commencer tot donc.

Reveil a 6h30 pour faire mon sac. En forcant un peu pour fermer la fermeture eclair, je le dechire verticalement sur 25cm, ca commence a me saouler car j'en suis deja a 2 reparations depuis le debut du voyage et la ca s'annonce mal. De plus, le niveau de confort de l'armature n'est pas terrible pour les grandes randos. Certes il est super leger mais tres tres tres fragile et moi qui comptais faire le tour des Annapurnas avec, cela me semble de moins en moins une bonne idee.

Rapides ablutions, barre de cereales et c'est parti.

Descente d'enfer au milieu des bois : souvent ce sont les racines qui servent de marches ou de pieges mortels ou l'on peut soit se tordre la cheville soit se rompre le cou... Le sol est tres inegal et donc assez dangereux. Je descends donc precautionneusement histoire de finir cette randonnee par mes propres moyens...

L'environnement est extraordinaire, elfique (apres.tout, on est au pays du Seigneur des Anneaux!), que ce soit les arbres gigantesques couverts de musc qui laissent filtrer la lumiere du soleil levant ou les brusques trouees sur la vallee a l'est (on voit derriere les collines Wairoa et le Pacifique au loin) ou sur le lac recouvert de brume matinale a l'ouest.

Au fur et a mesure de la descente, on voit clairement la vegetation changer : des beech de la montagne, on passe aux tawa, podocarp et fougeres des basses plaines. J'ai la chance d'apercevoir une grosse chouette diurne et meme de la prendre en photo (enfin, c'est surtout elle qui m'observe avant de se desinteresser dedaigneusement de moi...)

 

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L'arrivee a Waiopaoa Hut se fait apres la traversee d'un espace couvert d'herbes hautes jaune et ce qui semble etre des chardons aux grosses fleurs violettes butinees par de grosses abeilles poilues.

Durant les quatre heures suivantes, le chemin longe le magnifique lac et ses eaux tantot emeraude tantot saphir profond. Je fais ma pause dejeuner (thon et crackers) au bord de celui-ci et je choppe (en photo bien sur...) un heron qui lui aussi admire le paysage.

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L'alternance de hautes herbes et de buissons epineux (portant le nom de kanuka) commencant a devenir monotone apres 3 heures de marche et comme je suis un peu en avance sur le planning, je me deshabille pour un bon bain rafraichissant dans le lac, en sous-vetements car je n'ai stupidement pas pris mon maillot de bain. Deux cygnes noirs superbes passent majestueusement a trois metres alors que je barbotte me toisant dedaigneusement, pas tres impressionnes par mes mouvements pas tres coordonnes.

Je reviens au bord pour me secher et j'observe un phenomene bizarre : il y a des dizaines d'enveloppes de corps d'araignees totalement vides accroches ici et la sur les rochers ou sur des branches d'arbre. C'est etonnant comme si celles-ci venaient de se deshabiller avant d'aller se baigner aussi. Vraiment etrange.

 

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Je repars vers la prochaine Hut : Marauiti. Ces huts sont (en l'absence de plan...je ne suis pas passee a l'information center avant de commencer le trek car celui-ci se trouve a pres de 15km du debut de la piste... super pratique...) mes uniques points de repere de durees de trajet.

La piste quitte le bord du lac pour couper a travers les collines qui longent cette partie escarpee de sa cote : on monte, on descends, on monte, on descends des deniveles sympathiques au milieu des racines nombreuses et assez traitres, il y a parfois des passe d'une quarantaine de centimetres a franchir. Mes batons de marche m'aident bien pour garder l'equilibre en situation precaire. De courts ponts de bois suspendus ou pas me permettent de traverser les nombreux ruisseaux (plutot secs car l'ete a ete tres sec).

Un truc bizarre jamais vu ailleurs, parfois la piste est tellement marquee que l'on doit parcourir sur 3 ou 4 metres des sillons d'erosion profonds de parfois un metre 50 et large de 25 a 30 centimetres, pas facile a negocier avec mon sac a dos elargi par ma tente et ma polaire accroches sur les cotes.

Un bref passage en bord de lac me permet d'admirer un troupeaux d'une trentaine de cygnes noirs au long cou et au bec rouge vif. Lorsque certains battent des ailes on voit que le dessous de celles-ci est d'un blanc pur, superbes. Un couple de canard nagent un peu pataud au milieu d'eau, comme un pied de nez au conte.

J'ai une fausse joie en arrivant a une Hut plus tot qu'annonce par le dernier panneau. De courte duree car il s'agit d'une Hut privee fermee mais dont le proprietaire permet gentiment que l'on s'y ravitaille en eau de source et qu'on uilise la table de camping a l'exterieur, je fais donc un pause crackers avant se repartir pour Marauti 30mn plus loin et Waiharuru a 2h30 de marche qui est l'objectif de ma journee.

Les deux dernieres heures me semblent interminables car epuisantes: il faut franchir deux hautes collines et apres 10 heures de marche, j'ai les jambes tremblantes, je redouble donc de prudence.

J'arrive enfin a la Hut vers 19h apres pres de 12 heures de trajet. Epuisee mais heureuse de la beaute du trajet, de ma baignade, de ma rencontre rare avec la chouette et plus commune avec les cygnes qui pullulent sur le lac.

Il n'y a absolument personne a la Hut, je serais la seule non seulement a y camper mais egalement a rester sur le site. Elle est superbe, il y a un immense espace commun et une autres cabane pour les lits. Y etant seule, je m'arroge un lit car je suis trop trop crevee pour planter ma tente. Ce n'est pas terrible mais bon...

Je dine de barres de cereales et apres une breve toilette au lavabo exterieur avec l'aide de ma tasse (l'avantage d'etre seule a un refuge c'est de pouvoir se deshabiller sans que qui que ce soit vous voie, d'ou la possibilite de se laver ce qui est impossible des que l'on est au moins deux... a moins d'avoir des tendances exhibitionistes...) je m'offre le luxe de vetements propres avant d'aller me coucher.

Jour 3 :

La pluie me reveille en sursaut, ou la culpabilite de squatter dans la Hut au lieu de camper...

Je m'habille et fait mon sac avant d'aller petit dejeuner.

Le ciel a adopte toutes les nuances de gris et deverse un crachin incessant. Mon transport retour m'attends a 16h et je n'ai "que" 5 heures de marche a faire avant la fin de la piste. Je m'offre donc le luxe de bouquiner en attendant que la pluie s'arrete eventuellement. Moi qui justement avais prevu un jour "court en marche" pour pouvoir profiter du lac et me baigner, je suis servie... Heureusement que je me suis baignee hier!

 

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Les randonneurs qui ont dormi a Marauti passent les uns apres les autres et s'arretent (je le soupconne autant pour bavarder que pour se remettre des deux heures de traversee de colline epuisante que j'ai moi-meme parcouru hier...)

Leurs transports sont a des heures variables entre 12h30 et 16h.

Je me decide a partir vers 10h en voyant bien que la pluie ne s'arrera pas. Une randonneuse autralienne m'ayant dit que "dans les sous-bois, la pluie ne mouillait pas tant que cela, voire pas du tout". Comme je suis idiote, je la crois et j'y vais.

Tu parles que ca ne mouille pas. Au bout de 15mn, je suis mouillee jusqu'aux genoux par les hautes herbes detrempees qui bordent le debut de piste.

Celle-ci suit d'abord les berges du lac puis monte et descends une colline avant de rejoindre la baie de Tapuaenui. Se succedent en fonction de l'altitude herbes grasses, fougeres par milliers (en nombre) et dizaines (en type).

Chez Whitcoulls a Auckland (La FNAC locale), en achetant mon Lonely Planet, j'avais repere parmis les meilleurs ventes "ferns of New Zealand", un livres de 200 pages consacre aux differents types de fougeres, cela m'avait fait ricanner a l'epoque mais maintenant je comprends. C'est fascinant de voir autant d'especes differentes se differenciant par la taille, la forme des feuilles, la maniere dont elles poussent (de l'arbre aussi haut qu'un palmier) a la branche unique vivotant sur un rocher humide. Ce n'est pas pour rien que l'embleme des All Blacks, les champions du monde de rugby est une branche de l'un des type de fougeres locales, la silver fern dont le feuillage vert sur le dessus presente une magnifique couleur argentee sur le dessous.

 

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Bref, apres 3h de crapahutage j'arrive a la derniere Hut de cette randonnee. Il me reste 1h30 de trajet mais 3h avant mon pick up. Je bavarde avec un couple tcheque tres sympathique en voyage autour du monde egalement. On compte faire les meme Great Walks donc on va peut-etre se recroiser dans le futur, qui sait ?

Je repars vers 14h vers le point final de cette marche. La pluie s'est arretee. Les derniers kilometres sont assez semblables a ceux de ce matin mais la nostalgie de fin de rando m'ettreint deja et du coup je prends mon temps et savoure ces derniers kilometres en prenant de nombreuses photos de mousse et lichen et du paysage.

Annie, qui assure le shuttle m'attends en bout de piste avec son mini-bus pour moi toute seule. On bavarde sur le chemin du retour. Elle a aussi vecu a Jersey durant 6 mois. On est tres amusees de ce hasard extraordinaire. On bavarde de nos experiences communes la bas alors que defile le paysage. Elle me depose a Big Bush ou il n'y a personne. Elle me conduit aux chambres communes qui sont dans une maisonette independante ou il y a tele, bibliotheque et une petite cuisine. Je depose mon sac et me fais un the tandis qu'elle retourne chez elle pour aller me chercher un sac de legumes de son jardin pour me l'offrir.

Ce magnifique cadeau me permet de me preparer mon premier repas chaud en 4 jours : une soupe de legume revigorante et delicieuse.

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Je redige mon blog avant d'aller prendre une douche et de me coucher dans un lit bien moelleux.

Une idee des prix en Fevrier 2013:

Transport Wairoa/Debut du trek : 40 NZD avec Big Bush

Transport fin du trek/Wairoa : 90NZD avec Big Bush

Nuit en maison partagee avec Big Bush : 20 NZD

La nuit par personne sur chaque site de camping: 14 NZD a booker sur le site du DOC ou a l'I site de Wairoa

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